Une damnée rejoint ses frères.....

La nuit était fraîche et belle. La Lune pleine se reflétait sur les divers points d'eau et autres lacs. Les feuilles des arbres bruissaient sous le vent délicat et chaud venant du Sud. Tout cela présageait une soirée fort agréable prête à ouvrir ses bras délicats et réparateurs aux personnes réunies en ce lieu. Mais une brume étrange et soudaine balaya le sol comme le vent balaye une feuille morte. On ne voyait guère plus la terre mais une silhouette fit l'unanimité des voix qui s'élevèrent. Peu de monde purent reconnaître la silhouette de celle qui fut accueillie un jour dans ces contrées sylvestres....

Une longue cape bleue nuit reflétait la lumière comme si l'obscurité elle même venait caresser les courbes si féminines de cette apparition. Quiconque observait dans cette direction aperçut une lame bordeaux surmontant un manche ouvragé et ornementé de runes encore inconnues alors. Cette faux flottait non loin de la silhouette qui ne montrait guère plus qu'une paire d'ailes suintantes de sang. pour la plupart des mortels, cette chimère, suffisait à glacer leur sang. Mais pour ceux qui savaient lire dans le coeur des gens, ils reconnurent une âme honorable et bienveillante.

Elle se faufila à travers les gens sans même regarder si une personne voulait lui barrer la route car elle glissait entre eux comme l'eau fine des pluies ruisselante à travers les sillons de la terre. Eliana revenait en ces lieux afin de rejoindre ses "frères" d'autrefois. Elle se présenta aux gardes de faction qui la laissèrent entrer car après tout, elle faisait partie des personnes connues......

Eliana se laissa porter par son instinct vers une salle qu'elle ouvrit. Elle posa sa faux dans un coin puis prit la parole.

-Mes anciens frères. Ou devrais je dire mes chers amis Gardiens sylvestres. Je regrette de revenir en ces lieux avec de telles nouvelles mais je pense que vous l'avez déjà appris. Le prieuré des invocateurs n'est plus. Trop de dissensions et d'idées nouvelles sont devenues des monnaies courantes pour la perte de notre ancien ordre. Aujourd'hui je viens demander à chacun d'entre vous d'accueillir mon peuple parmi vous. Peut m'importe votre réponse, je choisi de vous servir comme j'ai toujours souhaité servir ma Reine Agone.

Je pleure un ami cher, Gandalf, et pleure mes frères invocateurs qui aujourd'hui encore, et je l'espère, ouvrent leur coeur au bien et non à toute source de destruction. Ma cité vous est ouverte peuples sylvestres. J'attendrai ici bas votre décision mais sachez que mes troupes et mon peuple sont d'ores et déjà prêts à faire entendre leurs voix pour vous aider.

Eliana se laissa glisser vers un fauteuil ouvragé. Comme portée par une brise légère et douce, elle laissa ses ailes prendre leur place et faire de ses pas un ballet virevoltant de plumes pourpres. Elle finit par ôter son masque et le laisser glisser de son visage qui cependant ne pouvait être vu. Et quand quelques gouttes de sang tombèrent sur sa cape couleur nuit, elles formèrent un satyre, représentation de Pan. Elle remit alors son écrin métallique protégeant ainsi sa nature autant que ce qui faisait d'elle une curiosité : son visage jamais observé.

Eliana fut surprise par la venue de Elfior. Elle gardait une certaine rancoeur envers le frère de l'assassin de son ami Gandalf. Mais son coeur se fit plus tendre quand elle vit son ami de retour parmi les vivants. Son premier réflexe aurait été de le gifler simplement pour lui montrer que jamais plus il ne devrait lui faire subir pareil perte. Mais néanmoins elle savait que trop bien ce qu'il coûtait à quelqu'un de voir ses amis, sa famille, tout ceux que l'on connaissait vous pleurer à chaudes larmes alors que vous deviez rester dans l'ombre......

Un léger soupir lui échappa mais aucune parole ne vint à ses lèvres. Seule une goutte de sang perla de son visage et finit sa course dans les plis et replis de sa cape......

Eliana continuait de plonger dans les yeux de cet homme et finit par sourire. Ses épaules se baissèrent un peu comme si une intense tension la quittait peu à peu.

-Gandalf. Mon ami, vous m'avez manqué. N'implorez pas mon pardon car je ne sais que trop bien, tout comme mon peuple, ce qu'est de devoir oublier et quitter tout ce que l'on est pour vivre dans l'ombre.

Je suis heureuse de pouvoir également vous revoir Sieur Volkmar.

Eliana retira délicatement sa main de celle de Gandalf pour les poser toutes deux sur ses genous croisés.

-Je suis ici donc afin que vous sachiez que je souhaite rejoindre vos rangs. Mes comparses invocateurs ont finis par choisir l'exil pour la plupart. Trop de discordes et de manque de communication ont eu raison de notre ordre. Néanmoins je garde le titre d'invocatrice et Pa a souhaité rester avec moi. Asseyez vus donc tous deux car je souhaite discuter même si je dois repartir dans ma cité après les décisions prises par vos dirigeants. Ma Reine, Agone, vous souhaite également bienvenue dans cette discussion.

Eliana se leva pour accueillir ses hôtes comme il convenait et fit apporter des rafraichissements, des mets et surtout fit mander un scribe afin de répertorier les dires de chacun.

En voyant Alyrion, Gandalf eut un pincement au coeur. Celà faisait tellement de temps qu' il lui tardait de le revoir, qu' il se retrouva emprunter quand Alyrion vacilla. Il eut à peine le temps de tendre la main qu' il gisait dejà à même le sol, le regard vide, comme si il avait vu un "mort". Gandalf s' agenouilla aux côtés de son vieil ami, lui releva la tête et lui murmura à l' oreille.

N' aies crainte mon Ami, je suis bien là. Plus vivant que jamais.

Comme apaisé par ces paroles, Alyrion semblait reprendre connaissance.

Que l' on m' apporte un linge humide et un verre d' eau , ordonna-t-il à Gavroch' tar.

Ayant repris possession de ses moyens, Gandalf aida Alyrion a regagné un siège, lui appliqua le linge sur la nuque et le fit boire.

Mes Grands Amis étants réunis, je vais vous expliqué les raisons de ce mystère.

Elfior était un de mes disciples il y a fort longtemps, avec son frère. Ils étaient prometteurs, mais j' avais déjà fait mon choix pour me succéder. Depuis le début, j' ai eu une confiance aveugle en Elfior, c' est un être droit, digne et respectueux des valeurs de chacun. Je lui ai transmis ma sagesse, mon savoir. Firis, lui était plus imprévisible, plus brutal. Il n' attachait que trop peu d' importance au respect des autres, ne pensant qu' à sa petite personne.

Gandlf prit place sur un fauteuil en osier, ôta sa cape, et prit autour de son coup la gemme offerte pas Eliana. Il ne l' avait plus quittée depuis, il y attachait beaucoup d' importance. Elle représentait pour lui un cadeau du ciel, ainsi que l' apparition d' Eliana dans sa vie. Il sentait en lui un flot de sentiments mélant amitié et passion. Elle avait ouvert une brêche dans son coeur, il le savait, mais s' interdisait de le montrer, de peur de ne l' effrayer.

Il regarda ses amis, tous intrigués par ses dires. Il repirt le fil de son histoire.

A maintes reprises, Firis avait tenter de semer la discorde, d' apporter le trouble en notre royaumen de me discréditer aux yeux de tous. Puis il s' est calmé. Il est devenu un élève modèle. Mais je n' ai su que trop tard qu' il préparait quelque chose. Le jour de ma mort, j' étais cloué au lit, incapable de me lever tellement le monde tournait autour de moi. J' ai donc envoyé à l' Ambassade un de mes disciples, avec qui, avouons-le, la ressemblance était frappante. Elfior m' a trouvé un endroit sûr en attendant que je me remette, et que Firis soit stoppé. Ce qui me semble-t-il n' est toujours pas fait.

J' ai décidé de laisser le pouvoir à Elfior qui a su bâtir un nouveau royaume sur les cendres de ce que j' avais construit jadis. C' est quelqu' un de bien. Vous pouvez avoir confiance en lui. J' ai su comment il avait défendu les intentions du Prieuré, et je reconnais bien là tout ce que je lui ai transmis.

Je crois vous avoir tout dit, en tout cas ce que ma mémoire a enregistré. Vous avoir là, tous à mes côtés, me fait le plus grand bien. La seule chose que je vous demanderai, c' est de garder celà secrêt, j' ai pris l' habitude de vivre cacher, et quelque part, j' ai peur que Firis ne l' apprenne et décide de finir ce qu' il a entrepris.

Gandalf se leva prendre un verre d' alcool et un morceau de pain, invitant ses compagnons à en faire de même.

Eliana fut touchée par tant de monde en sa présence mais très vite elle se rappela ses devoirs d'hôte. Agone sa Reine avait insisté pour que chacun des gardiens de la forêt puisse connaître l'ensemble des intentions de son peuple. Elle se releva, fit un geste souple et gracieux avec sa main que sa faux s'empressa d'imiter. Trois coups résonnèrent aux oreilles de chacun, trois cristallins et doux.

Une fois toute l'attention vers elle Eliana enleva sa capuche montrant son masque ouvragé, sa chevelure libre de toute attache et son sourire. Son masque n'en parut que plus beau et son sourire scintillant au milieu de ce voile redonnait espoir. Sa chevelure était d'obsidienne et quelques reflets pourpres apparaissaient de ci de là. On aurait dit une rivière souterraine qui restait sombre sans lumière et cependant laissait transparaître des éclats de gemmes, de rubis et des reflets dûs à une lumière rouge. On aurait dit une sculpture longuement travaillée qui s'offrait aux yeux des non initiés des Arts magiques de son peuple.

Quant elle prit la parole qu'elle venait d'accaparer, le timbre de sa voix calmait les esprits. Quand à ces paroles, on eut dit un orchestre entier jouant à l'unisson simplement pour le plaisir de jouer. Eliana utilisait tous ses talents pour ne pas user de ce don offert par sa Reine mais parfois, elle en oubliait qu'il était si chaleureux et suave....

Mes chers amis. Vous savez combien chacun d'entre vous souhaite venir un jour aux idéaux de votre, pardon de notre communauté. Alors je demande humblement de pouvoir un jour vous convier en notre cité volante principale, Abyme, afin que chacun puisse ouvrir son coeur à ma Reine et contemple ses terres. Agone a voulue personnellement offrir un sauf conduit pour son palais et je ne saurais lui refuser une telle envie. Depuis plusieurs siècles déjà elle parle à travers moi mais personne ne sait si elle retrouvera un jour l'homme qu'elle aime. Alors elle souhaite convier chacun de vous à voir de leurs yeux l'ensemble du peuple qui suit corps et âme, depuis toujours ses conseils. Sachez également que si vous trouvez un objet ou même une oeuvre artistique vous plaisant, elle vous sera offerte sans aucun dédommagement.

Nous voulons garder pour nous notre art mais nous ne pouvons refuser à ceux qui nous accueillent la liberté d'observer le monde comme nous le voyons.

Eliana sortit de sa cape une main contenant une boîte. Elle l'ouvrit et à l'intérieur se trouvait plusieurs petits "symboles". Un pendentif en ébène représentait une épée au pommeau à tête de loup. Une bague en argent se fondait dans les lierres et autres plantes grimpantes qu'elle dépeignait. Un bandeau en or conservait en son sein une fresque représentant des elfes, des dryades et l'ensemble des peuples de la forêt jouant et dansant à l'unisson. Un bracelet en acier resplendissait par sa simplicité tout en conservant un mystère presque entier. En effet des reflets bleutés jouaient avec la lumière pour enchâsser la beauté d'une dame gravée à l'intérieur même d'une améthyste. Puis enfin, une broche formée d'un bouclier en argent et d'une feuille de chêne incrustée par une pierre d'obsidienne formant une larme.

Que chacun d'entre vous choisisse l'une de ses marques de ma Reine. Elle saura alors qui vous êtes et nos gardes et soldats ne vous ferons aucun mal.

Se tournant vers Gandalf. Elle fixa la gemme offerte il y a quelques mois déjà.

Vous conservez toujours cette marque de mon affection pour vous cher ami mais néanmoins le Sieur Elfior ne possède pas encore de présent.

Sachez mes amis sylvestres que je vous demanderais à chacun de vous de choisir un animal de la forêt qui le représente, tout du moins le pensait vous. Il est de coutume dans nos cités de choisir un esprit animal, végétal ou même minéral comme guide pour notre vie. Et je serais ravie de pouvoir vous offrir, à titre d'amitié, une représentation confectionnée par mes soins de l'être que vous aurez choisi comme guide. Quand à moi, vous aurez devinez que ma Reine Agone et la Lune et son linceul étoilé sont mes guides. Je les ais choisis et je remercie chaque jour leurs conseils.

Sur ces belles paroles Eliana attendit que chacun des Sieurs gardien de la forêt choisisse un présent et lui fasse parvenir leur souhait.

Volkmar attendait que quelqu'un fasse un pas...
L'honneur dont venait de les gratifier Eliana était grand.. Peut-être trop...
Mais personne ne semblait décdé à bouger, alors, il s'avança, lentement...
Regardant la vampire, captivé par l'aura qui l'entourait, il s'éclaircit discrétement la gorge, avant de parler:

"Dame Eliana...
Je...
Sachez que votre présent m'émeut jusqu'au plus profond de moi-même..."

Il s'inclina lentement, comme il convenait devant une dame...
Peut-être plus longtemps que ne le prescrivaient les convenances...
Et pas parce qu'on l'y avait obligé...
Son geste était une pure marque de respect...
Son regard se porta sur le bracelet d'acier...
Instinctivement, il sentait ses émanations...
C'était celui-là sûrement...
Il se releva, et regarda le masque qui cachait le visage de la vampire:

"Dame, je crois que celui là sera le mien..."

Sans autre mot, il s'approcha, et prit le bracelet dans la boîte, avant de le mettre à son poinget...
Il lui semblait que c'était la manière convenable de faire...
Cela correspondait aussi à ce qu'il ressentait en ce moment...
Il fit ensuite un pas en arrière, et réfléchit un instant:

"Mon amie, vous nous avez demandé de choisir un esprit animal...
C'est un choix délicat à faire que vous nous imposez..
Mais, je crois que je sais dors et déjà depuis toujours..."

Il fit une pause, ne sachant comment continuer...
Il savait, et en même temps, il trouvait présomptueux de venir ici pour s'identifier à autre chose...
Peut-être s'était-il trompé...
Un temps de réflexion en plus... Et il sut que c'était ça...
Il n'avait rien d'autre à dire...

"L'aulne est mon frère..."




[hrp] désolé pour le retard de la réponse, j'ai manqué de temps... [/hrp]

Elfior était resté dans un coin, regardant ses compagnons feter le retour de Gandlaf. Il avait cotoyé Eliana lors de son passage chez les Invoquateurs, et en avait gardé de bons souvenirs. Elle était telle que l' avait décrit Gandalf. Mystérieuse, intriguante, attachante. Au premier regard, elle ferait fuir bon nombre de seigneurs, même les plus courageux. Mais en la connaissant un peu plus, on devinait en elle une immense bonté, une générosité sans limite. Il se remémorait les paroles de Gandalf :

Eliana, c' est un ange, sous son appart de démon... elle est troublante et attachante...

Perdu dans ses pensées, il vit à peine Volkmar choisir un présent.

Il s' avança et observa les objets, les scutant un à un. Son regard s' arréta sur le bandeu en or, rerésentant des elfes et des dryades.

Dame Eliana, mon choix est fait. Je vais opter pour ce bandeau. Quant à l' animal, je ne sais pas. Il y en a tant qui m' inspirent que je ne sais trop choisir. Peut-être le loup...

Eliana prit la broche délicatement et l'enfonça dans le pourpoint de l'homme ne question. Puis se tournant vers l'assemblée elle prit la parole.

-Par votre présence vous m'honorez alors je ferais en sorte que chacun de vos insignes soit guidés au plus vite vers leurs formes finales. Maintenant je dois vous quitter pour reprendre les rênes de nos cités.....

Eliana s'éloigna après une révérence. Elle venait à peine de quitter la pièce que déjà nombre de rumeurs et de ragots allaient bon train dans la forêt cachée des gardiens de la Forêt.